Page:Mérimée - Portraits historiques et littéraires (1874).djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.
12
PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

blia à son retour d’Alger. Mais il était alors amoureux, et peu de temps après il épousa dona Catalina Salazar y Palacios, demoiselle d’une famille noble, mais aussi pauvre que celle de son mari. Les biographes n’ont point encore pu décider si c’est bien sa femme qu’il peignit sous les traits de Galatée ; ce qui rend difficile la solution de ce point important, c’est que l’année même de son mariage, fut aussi celle de la naissance de sa fille naturelle.

La Diane, de Georges de Montemayor, avait mis les pastorales à la mode : ce genre, assurément très-faux, et selon moi très-ennuyeux, composait, avec les romans de chevalerie et les romances, presque toute la littérature espagnole. Déjà l’on avait fait plusieurs continuations de la Diane. Cervantes l’imita, mais ne put l’égaler. Nous verrons plus d’une fois ce grand homme, s’ignorant lui-même, chercher au hasard sa vocation, et longtemps ne pas la rencontrer. Sa prose, dans la Galatée, est encore plus laborieusement contournée que ses vers ; les inversions y sont fréquentes, et presque toujours faites mal à propos. Le dialogue est hérissé de pointes, de citations et de dissertations pédantesques. On croirait entendre des docteurs en théologie et non