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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

Flamands et même aux Vénitiens la trivialité des formes et la bassesse de l’expression. Le Corrége, selon Beyle, avait réuni, au suprême degré, le mérite de la forme et l’art de la perspective aérienne. Pour lui, c’était le peintre le plus gracieux, et Michel-Ange le plus poétiquement terrible.

Il s’était fort peu occupé de l’architecture et n’avait considéré les monuments que sous leur aspect pittoresque, sans s’embarrasser s’ils convenaient à leur destination. Il avait horreur de tout ce qui était laid et triste, et il trouvait ces deux défauts dans notre architecture nationale. Je crois lui avoir appris à distinguer une église romaine d’une église gothique, et, qui plus est, à regarder l’une et l’autre ; mais il les enveloppait toutes deux dans le même anathème. — Nos églises sombres et lugubres avaient été inventées, disait-il, par des moines fripons qui voulaient s’enrichir en faisant peur aux gens timides. L’architecture italienne de la Renaissance lui plaisait par son élégance et sa coquetterie. Au reste, il ne s’attachait qu’à ses détails gracieux et nullement à ses dispositions générales. En dépit de la lo-gique, ce n’était pas sa raison qui jugeait, mais son imagination.

Beyle avait été officier quelques mois, et, comme