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HENRI BEYLE (STENDHAL).

et du classicisme pour s’expliquer les précautions oratoires dont Beyle accompagne quelques-uns de ses jugements en matière d’art. Hardis et téméraires même lorsqu’il les publia, ils semblent, à présent, des vérités de M. de la Palisse, des truisms, selon l’expression favorite de leur auteur. Sans être musicien, Beyle avait un sentiment très-vif de la mélodie, cultivé et perfectionné par une certaine érudition qu’il devait à ses voyages en Italie et en Allemagne. Il me semble qu’il aimait et recherchait surtout, dans la musique, les effets dramatiques, ou plutôt qu’en analysant ses impressions personnelles, il les expliquait par la langue dramatique, la seule qu’il connût ou qu’il crût intelligible à ses lecteurs.

Il en était de même pour les arts du dessin. Admirateur passionné des grands maîtres des écoles romaine, florentine et lombarde, il leur a prêté souvent des intentions dramatiques qui, à mon avis, leur furent étrangères. Lorsqu’il découvre, dans une Vierge de Raphaël ou du Corrége, son maître de prédilection, une foule de passions ou de nuances de passions que la peinture ne saurait exprimer, on se demande s’il a compris les intentions et le but de ces grands maîtres. Mais il raconte à sa