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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

coquin, qui n’a pas voulu mettre sur la scène le Courtisan, parce que Louis XIV ne le trouvait pas bon. »

Beyle a beaucoup écrit sur les beaux-arts, et a eu des idées à lui dans un temps où tout le monde acceptait sans examen les opinions les plus fausses, pourvu qu’elles fussent autorisées par un auteur célèbre. On pourrait dire qu’il a découvert Rossini et la musique italienne. Ses contemporains se rappelleront les assauts qu’il eut à soutenir pour défendre l’auteur du Barbier et de Sémiramis contre les habitués de l’Opéra-Comique d’alors. Dans les premières années de la Restauration, le souvenir de nos revers avait exaspéré l’orgueil national, et l’on faisait, de toute discussion, une question patriotique. Préférer une musique étrangère à la musique française, c’était presque trahir le pays. De très-bonne heure, Beyle s’était mis au-dessus des préjugés vulgaires, et sur ce point il lui arriva peut-être quelquefois de dépasser le but. Aujourd’hui que la civilisation a fait tant de progrès, on a peine à se représenter le courage qu’il fallait avoir, en 1818, pour dire que tel opéra italien valait mieux que tel opéra français. Il faut se reporter aux grandes querelles du romantisme