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J. J. AMPÈRE.

pareil quelquefois effrayant, se dissimule sous votre plume et prend une forme attrayante. Vous nous cachez votre labeur pour ne nous en montrer que les fruits. Dans vos ouvrages, même les plus étrangers au but de nos exercices, nous ne pouvions méconnaître le mérite d’un style toujours clair et élégant ; nous devions enfin vous savoir gré d’avoir initié toutes les classes de lecteurs aux récentes découvertes de la philologie orientale. Vous avez satisfait ainsi cette noble curiosité, qui de nos jours succède à une indifférence trop orgueilleuse peut-être, mais excusable chez un peuple qui se glorifie d’un Bossuet, d’un Corneille, d’un Molière.

Tandis que dans des littératures si diverses, vous recherchiez toutes les sources du beau avec la patience et la sagacité d’un antiquaire, votre goût tout français, et votre esprit aussi fécond pour produire qu’ingénieux pour interpréter, donnaient à vos ouvrages critiques le caractère d’une œuvre originale. Le poëte s’y décèle à la vivacité de ses impressions, à des traits partis du cœur, qui vous échappent comme involontairement, au milieu même des études les plus arides. En vain une soif inextinguible d’acquérir des connaissances nouvelles vous entraîne d’un pays à un autre et vous oblige à in-