Page:Mérimée - Portraits historiques et littéraires (1874).djvu/146

Cette page a été validée par deux contributeurs.
138
PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

nesques dont il se plaisait à orner tous ses ouvrages, les efforts ignorés de quelques conspirateurs plus que douteux, espérant dans l’ombre le retour des Bourbons.

Admirez, messieurs, l’art de M. Nodier à flatter le pouvoir, son adresse à faire valoir des sciences imaginaires. D’abord il déguise son nom, puis, à chaque page, il exalte un héros républicain. C’est ainsi qu’il faisait sa cour. Son but, me dit-on, fut de rassurer le gouvernement sur les dispositions de l’armée, de tromper l’armée elle-même, en lui persuadant que son dévouement à l’empereur n’était point partagé par ses chefs. Quoi qu’il en soit, nul lecteur impartial n’imputera des calculs intéressés à l’auteur de ce petit ouvrage ; il n’y verra qu’un artifice littéraire, et non une invention de la vanité.

Hâtons-nous de quitter le terrain de la politique pour suivre M. Nodier dans ses travaux littéraires, que désormais la mort seule devait arrêter. Ses études, ses préférences de jeunesse, l’ardeur de son imagination, l’associaient naturellement aux écrivains qui réclamaient pour la France un peu de cette liberté des littératures étrangères. C’était encore la guerre qui s’offrait à lui, mais une guerre