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CHARLES NODIER.

retraites temporaires. On ne l’y trouva pas ; mais on saisit ses papiers, qu’on porta au préfet du Doubs, M. Jean de Bry, le plénipotentiaire de Rastadt. C’étaient des vers, des chapitres de romans, des observations d’histoire naturelle ; puis le Dictionnaire des Onomatopées.

Le préfet parcourut avec intérêt ces ébauches, et conclut qu’un homme tout occupé de science et de littérature n’était pas un conspirateur bien redoutable. Il manda les amis de Charles Nodier, et les chargea d’engager le proscrit à quitter sa vie errante et à poursuivre ses travaux sans inquiétude. Il lui fournit même les moyens de retourner à Besançon, et, quelque temps après, de se rendre à Dôle pour y ouvrir un cours de littérature. Quinze ans plus tard, M. Nodier eut le bonheur d’acquitter cette dette de reconnaissance. Les temps étaient changés. M. Jean de Bry était exilé à son tour. M. Nodier avait pour ami un ministre influent, et obtenait comme un service personnel le rappel de son ancien protecteur.

Dans ces courses à l’aventure, M. Nodier avait reçu à Quintigny l’hospitalité d’une famille aimable à laquelle il devait bientôt appartenir par les liens les plus doux. Peu de temps après son arrivée à