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CHARLES NODIER.

Deux ans après, il publia, à un très-petit nombre d’exemplaires (il avait dès lors les manies des bibliophiles), un recueil de Pensées tirées de Shakspeare, parmi lesquelles un assez grand nombre appartiennent en propre au soi-disant traducteur. Sans doute, c’est à une défiance modeste de lui-même qu’il faut attribuer cette espèce de déguisement, auquel il eut souvent recours dans la suite.

Sa famille le destinait au barreau, mais le temps qu’il devait consacrer à l’étude des lois était employé à composer des romans et des vers. Il ne put répondre au premier examen, et, dégoûté par ce mauvais succès, il abandonna pour toujours une carrière où il n’était entré qu’avec répugnance.

Il n’y a point d’auteur qui ne cherche à ses débuts le plus-vaste théâtre. En 1800, M. Nodier quitta Besançon pour offrir ses manuscrits aux libraires de la capitale. Romans et mémoires scientifiques furent publiés à la fois ; d’un côté, les Proscrits et le Peintre de Saltzbourg, imitations avouées de Werther ; de l’autre une Histoire des insectes, ou plutôt un système nouveau pour leur classification. Ses romans lui valurent l’amitié de Mme de Genlis, et ses travaux plus sérieux, imprimés sous le titre de Bibliothèque entomologique, furent remarqués comme un modèle