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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

diaires. Henri avait exprimé le désir qu’avant de déclarer le roi de Navarre déchu de ses droits éventuels au trône de France, on le sommât préalablement d’abjurer son hérésie. La chambre du clergé le déclara purement et simplement déchu. Cet exemple allait être suivi par les autres chambres, qui annonçaient hautement l’intention de procéder, non pas par représentations, comme il était d’usage alors, mais bien par résolutions. Il n’y avait plus de prérogative royale. Déclarer le roi de Navarre déchu, c’était obliger Henri III à désigner son successeur ; or ce successeur ne pouvait être autre que le duc de Guise. Combien de temps Henri aurait-il régné même de nom, ayant auprès de lui un successeur tel que celui qu’on allait lui donner ?

Sa situation était, on le voit, désespérée. Attendre les décisions des États et s’y soumettre, c’était s’abandonner au courant d’un fleuve qui se précipitait dans un abîme. Casser les États ou refuser de sanctionner leurs délibérations, c’était rallumer une guerre civile dans laquelle il devait succomber. Il n’avait ni argent ni armée. Une grande partie des places fortes de France était entre les mains de son rival. Tout obéissait au duc de Guise ; il levait lui-même les impôts et en fixait l’emploi ;