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HENRI DE GUISE.

De toutes les clauses du traité, la dernière fut la plus promptement exécutée ; le roi n’aimait personne, et ce n’était rien pour lui que de sacrifier ses plus fidèles serviteurs. Quant aux autres promesses que la nécessité lui avait arrachées, il est certain qu’il se réservait de ne les exécuter que le plus tard qu’il pourrait. Il trouva en effet mille prétextes pour ne pas envoyer au duc les lettres patentes de sa nouvelle dignité, et il fallut la crainte sérieuse d’une rupture pour qu’il s’y décidât. Un mot mal écrit à dessein dans le traité lui fournit l’occasion de chicanes interminables, et lui permit enfin de refuser tout à fait la remise d’Orléans, place qu’il regardait avec raison comme la clef du royaume.

Après une commotion aussi violente, suivie d’un traité consenti avec répugnance, et exécuté avec mauvaise foi, toute la France désirait voir finir un état de choses aussi précaire, qui ne promettait que la continuation des troubles qui la désolaient depuis si longtemps. La convocation des états généraux était universellement demandée ; on espérait que leurs délibérations apporteraient enfin la solution des importantes questions qui agitaient tous les esprits ; on se flattait que les partis respecteraient les décisions sanctionnées par la volonté