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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

condaire ; d’ailleurs, le roi, aussitôt qu’il eut connaissance du premier tumulte, retomba dans ses éternelles irrésolutions. Il défend d’attaquer, et laisse tranquillement cerner et désarmer ses soldats éparpillés au hasard. C’est en vain que d’heure en heure on lui annonce la prise de quelque poste important ; en vain ses généraux le supplient de leur donner l’ordre de charger les rebelles, rien ne peut le tirer de la stupeur où il est plongé. Déjà les ligueurs avaient poussé leurs barricades jusqu’au Louvre sans qu’il eût pris un parti. Le duc de Guise cependant, qui avait laissé engager l’affaire sans y prendre part, commençait à parcourir les rues, animait le peuple par sa présence, tout en lui recommandant la modération, et faisant mettre en liberté les soldats du roi que les insurgés avaient faits prisonniers.

Vers la fin de la journée, toute la ville, à l’exception du Louvre, de la Bastille et de l’Arsenal, était au pouvoir des ligueurs. Il y avait encore au Louvre assez de troupes pour qu’on pût tenter un effort, mais le roi était trop abattu pour y songer. On dit que le duc lui fit offrir alors d’apaiser l’insurrection, à condition qu’il le désignerait pour son héritier, et le nommerait son lieutenant géné-