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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

sein même du comité central. La veille de l’exécution, des troupes fidèles garnissaient les points principaux où les ligueurs devaient opérer. En voyant le nombre et la contenance de ces soldats, ils désespérèrent du succès, et pour cette fois renoncèrent à leur entreprise.

Mayenne, un peu honteux de son imprudence, retourna auprès de son frère, qui tança vertement le comité central, et en obtint la promesse de plus de patience, surtout de plus de docilité pour l’avenir ; d’ailleurs le roi ne sut ou ne voulut pas profiter du découragement momentané des ligueurs. Au lieu d’arrêter les chefs du complot, qui lui étaient connus, et de prendre vigoureusement l’offensive contre le grand agitateur, il laissa les conjurés se remettre de leurs frayeurs, se recruter de Lorrains et d’Espagnols, et concerter leurs mesures avec plus de réflexion ; quant au duc, il le crut trop puissant pour essayer de le punir, ou même pour lui faire sentir que ses projets lui étaient connus.

Henri III était alors en guerre contre le roi de Navarre, qui l’attaquait au midi ; en même temps une armée nombreuse de reîtres envoyés par les princes protestants d’au delà du Rhin, pénétrait en France à l’orient, et manœuvrait pour opérer sa