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comme une Anglaise justifie celle de paraître Parisienne, en se faisant habiller par madame Vignon. L’accent de tous les natifs m’est odieux. J’ai échappé aux antiquaires après avoir vu leur exposition, qui est fort belle. Les femmes sont ici en général très-laides. Le pays exige des robes courtes, et elles se conforment à la mode et aux exigences du climat en tenant leur robe à deux mains, à un pied de leurs jupons, laissant voir des jambes nerveuses et des brodequins de cuir de rhinocéros avec des pieds idem. Je suis choqué de la proportion de rousses que je rencontre. Le site est charmant, et, depuis deux jours, il fait chaud et le temps est clair. En somme, je suis assez bien, sauf que je voudrais vous avoir avec moi. Lorsque l’ennui et les blue devils me gagnent, je pense à nos jours de gaieté intime, auxquels je ne connais rien d’égal. Toute réflexion faite, écrivez-moi à Douglas’hotel, Edinburg. Je ferai retirer mes lettres, si je ne reviens pas vite.