Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 1,1874.djvu/397

Cette page a été validée par deux contributeurs.

CLXIII

Londres, 20 juillet 1856.

J’ai reçu votre lettre hier soir, qui m’a fait un très-grand plaisir. Si je ne craignais de rêver, je vous dirais des tendresses à cette occasion. Je partirai bientôt pour Édimbourg. Je consulterai un sorcier écossais. On veut me mener voir un vrai chieftain, qui n’a pas de culottes et qui n’en a jamais porté, qui n’a pas d’escalier dans sa maison, qui a son barde et son sorcier. Cela ne vaut-il pas la peine de faire le voyage ? J’ai trouvé ici des gens si accueillants, si aimables, si accaparants, qu’il est évident qu’ils s’ennuient beaucoup. J’ai revu hier deux de mes anciennes beautés : l’une est devenue asthmatique et l’autre méthodiste ; puis j’ai fait la connaissance de huit à dix poëtes, qui m’ont paru quelque chose d’encore plus ridicule que les nôtres. J’ai revu le palais de Sydenham avec plaisir, quoiqu’on l’ait entièrement gâté par de grands monuments bâtis