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forêts, les plus beaux lacs, les plus belles montagnes que produit la contrée. Cela nous a menés à Kempten ; seulement, on est accablé de fatigue, comme après avoir longtemps examiné une belle galerie de tableaux. Au lieu de nous reposer, nous sommes repartis la nuit de Kempten, et nous sommes arrivés hier quelques minutes avant minuit à Innspruck, au travers d’un pays encore plus beau, non, mais plus grand que celui que nous venions de voir. Le désagrément a été de changer, de calculer à toutes les postes. Il y en a au moins une douzaine entre Kempten et Innspruck.

Je mange des bécasses délicieuses, pour me refaire, et des soupes très-extraordinaires, mais qui ont leur mérite quand on a pris de l’appétit à beaucoup de mètres au-dessus du niveau de la mer. Le drawback de ce voyage, c’est qu’on ne connaît pas les mœurs et les idées de ce peuple, et cela est plus intéressant que tous les paysages. Les femmes m’ont paru, dans le Tyrol, traitées selon leurs mérites. On les attache à des chariots et elles traînent des fardeaux fort lourds avec succès. Elles m’ont paru