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ce sera le premier convoi. Je ne serais pas éloigné de croire qu’il y eût, le jour du transport, quelques milliers de veuves éplorées à la porte de l’Assemblée ; mais de nouveaux insurgés, n’y croyez point. — Laissez donc de côté le romaïque, où vous avez tort de vous complaire, car il vous jouera le même tour qu’à moi, qui n’ai pu l’apprendre et qui ai désappris le grec. Je m’étonne que vous compreniez quelque chose à ce baragouin-là. Il va, d’ailleurs, disparaître en peu de temps. Déjà on parle grec à Athènes, et, si cela continue, le romaïque ne servira plus qu’à la canaille. Dès 1841, on n’entendait plus prononcer, dans la Grèce du roi Othon, un seul des mots turcs si fréquents dans les τραγὴδιον de M. Fauriel. Vous ai-je traduit une ballade très-jolie d’un Grec qui revient chez lui après une longue absence et que sa femme ne reconnaît pas ? Elle lui demande, comme Pénélope, des renseignements sur sa maison ; il y répond fort bien, mais elle n’est pas convaincue ; elle en veut, d’autres qu’elle obtient et la reconnaissance se fait. Tout cela est abandonné à votre divination. Adieu ; j’attends de vos nouvelles.