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tant. De toute façon, vous feriez bien de m’écrire très-vite à Aix-la-Chapelle, et puis assez vite après à Bruxelles. Je n’ai pas besoin de vous dire de m’écrire des choses aimables et qui me tentent au retour. Quand je suis lancé, une fois en route, j’ai toutes les peines du monde à m’arrêter, et il faudra les promesses les plus séduisantes pour m’empêcher de pousser jusqu’en Laponie. Je crois vous avoir parlé de deux portraits. J’en ai maintenant au moins trois, et, à chaque tentative infructueuse, j’ai recommencé sans détruire le premier essai et sans mieux réussir ; enfin, vous verrez si ma mémoire m’a bien ou mal servi. Vous me demandez quelle robe ? En vérité, je ne m’en suis guère préoccupé ; mais ce n’est pas là que gît la ressemblance. Je désespère de saisir jamais l’expression indéfinissable de votre physionomie. Je viens d’arriver ici après une nuit passée en malle-poste sans dormir, et j’ai la tête excessivement giddy. Il me semble que mes bougies tournent sur ma table. On m’annonce pour demain une navigation entremêlée d’échouages, car la Moselle n’a que fort peu d’eau, mais ce n’est pas cela qui m’empêchera de dormir. Je vous