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mais ce que vous n’y trouverez jamais, c’est une vue comme celle qu’on rencontre à chaque pas quand on parcourt le Comtat. Venez-y, ou plutôt attendez-moi à Paris et promenons-nous dans nos bois, que je trouverai alors admirables. Écrivez-moi à Vézelay (Yonne).

CVII

Barcelone, 10 novembre 1845.

Me voici arrivé au terme de mon long voyage sans rencontrer de trabucayres ni de rivières débordées, ce qui est encore plus rare. J’ai été admirablement reçu par mon archiviste, qui avait déjà préparé ma table et mes bouquins, où je vais assurément perdre le peu d’yeux qui me restent. Il faut, pour arriver à son despacho, traverser une salle gothique du XIVe siècle et une cour de marbre plantée d’orangers hauts comme nos tilleuls, et couverts de fruits mûrs. Cela est fort poétique, comme aussi mon appartement, qui me rappelle les caravansérails de l’Asie pour