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CV

Toulouse, 18 août 1845.

Je viens de trouver ici votre lettre ; c’est fort heureux, car j’étais furieux de n’avoir pas eu de vos nouvelles à Poitiers comme je m’y attendais. Vous me direz que j’avais tort de m’attendre à ce que vous penseriez à moi plus tôt que vous n’avez fait. Que voulez-vous ! je ne puis m’habituer à vos façons. Vous n’êtes jamais plus près de m’oublier que lorsque vous m’avez persuadé que vous pensiez à moi. Heureusement qu’entre tous ces oublis il y a des souvenirs, et j’y pense sans cesse. Je ne vois pas de ces belles grottes dont vous me parlez et je n’en ai pas besoin pour que bien des idées tristes et gaies me viennent par la tête. Je ne suis pas difficile en matière de paysage, comme vous le savez. Je n’y fais pas attention quand je me promène avec vous. Je voudrais bien vous gâter comme vous me le demandez. Mais je suis de trop mauvaise humeur. Je viens de pas-