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XCI

Paris, mardi soir, 1844.

J’ai attendu toute la journée une lettre de vous. Ce n’est pas ce qui m’a empêché de vous écrire, mais j’ai été horriblement occupé. Je crois que le beau temps d’aujourd’hui m’a un peu soulagé le cœur. Je n’ai plus de colère, si j’en avais, et j’ai moins de tristesse en me rappelant vos discours d’hier. Les nuages sont peut-être pour beaucoup dans ce qui s’est passé entre nous. Déjà une fois nous nous sommes querellés par un temps d’orage ; c’est que nos nerfs sont plus forts que nous. J’ai grande envie de vous voir et de savoir comment vous êtes au moral. Si nous essayions de faire demain cette promenade si malencontreusement manquée hier ? Que vous en semble ? Votre orgueil ne sera sans doute pas de cet avis. Mais c’est à votre cœur que j’en appelle.

Vous serez bien aimable de me répondre un mot demain avant midi, si vous ne pouvez ou si