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À Dijon, poste restante, et n’oubliez pas mes titres et qualités !

LXXVIII

Avallon, 14 août 1843.

Je croyais être le 10 à Lyon, j’en suis encore à plus de soixante lieues. Il faut que je m’arrête à Autun avant d’avoir de vos nouvelles. Si vous êtes aimable, vous m’écrirez encore à Lyon. Je suis de plus en plus content de Vézelay. La vue en est admirable, et puis j’ai quelquefois du plaisir à être seul. En général, je me trouve assez mauvaise compagnie ; mais, quand je suis triste sans avoir de grands motifs pour l’être, quand cette tristesse n’est pas de la colère rentrée, alors je me plais dans une solitude complète. J’étais dans cette disposition les derniers jours que j’ai passés à Vézelay. Je me promenais ou je me couchais au bord d’une certaine terrasse naturelle qu’un poëte pourrait bien appeler un précipice, et, là, je philosophais sur le moi, sur la Providence, dans l’hypothèse qu’elle existe. Je pensais à vous aussi, et