Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 1,1874.djvu/151

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rir de nouvelles eaux. Cela prouve que ce que vous perdez d’un côté, vous le gagnez de l’autre. On embellit quand on se porte bien ; on se porte bien quand on a un mauvais cœur et un bon estomac. Mangez-vous toujours des gâteaux ?

Adieu ; je vous souhaite une bonne fin d’année et un bon commencement de l’autre. Vos amis useront vos joues ce jour-là. Lorsque j’aurai fini la prose dont je vous parlais tout à l’heure, j’irai pour ma peine passer une dizaine de jours à Londres. Ce sera vers Pâques.

XXXV

Décembre 1842.

Vous saurez que j’ai été très-malade depuis que nous ne nous sommes vus. J’ai eu tous les chats du monde dans la gorge, tous les feux de l’enfer dans la poitrine et j’ai passé quelques jours dans mon lit à méditer sur les choses de ce monde. J’ai trouvé que j’étais sur la pente d’une montagne dont j’avais à peine, avec beaucoup de fatigue et peu d’amusement, dépassé le sommet, que cette pente était bien roide et bien ennuyeuse