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L’agonie de la bête féroce commençait.

Un soleil joyeux, dans un ciel très pur, éclairait cette scène atroce.

Onze heures sonnèrent. On vit alors arriver M. Lescouvé, procureur de la République, des magistrats, de très hauts personnages qui rejoignirent l’état-major.

Midi…

La fusillade avait repris. Bonnot ripostait toujours. Comment pouvait-il tenir aussi longtemps derrière les cloisons fragiles que les balles perçaient et trouaient comme des murs de carton ? Cela tenait du prodige.

L’état-major, un peu énervé, décida alors une sorte de conseil de guerre. Et, tout de suite, on se mit d’accord sur la nécessité de faire sauter la maison de Dubois à la dynamite. M. Touny conseilla au lieutenant Fontan qui s’était proposé pour poser les cartouches, de s’abriter derrière une charrette garnie de paille et de foin qu’on pousserait à reculons afin d’éviter les coups de revolver. On fit chercher le véhicule. À ce moment, sur l’ordre de M. Lépine, la fusillade cessa. De son côté, Bonnot se taisait. La foule, grossie depuis le matin, était haletante.

Près de trente mille personnes s’entassaient là pour voir mourir un homme.

Le clairon sonna. Puis le silence, un silence pesant, lourd d’angoisse. Et le lieutenant Fontan s’avança, une cartouche à la main, le cordon Bickford de l’autre ; la charrette fut mise en mou-