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— Le voici, c’est celui-là.

Il désignait Dieudonné, le jeune anarchiste, ami de la Vierge Rouge, qu’on venait d’arrêter récemment.

Mais Dieudonné, sans s’émouvoir, haussa les épaules.

— Allons, allons. Tout ça c’est du roman. À l’heure de l’attentat, je me trouvais à Nancy, où je travaillais. Je ne pouvais donc pas être rue Ordener.

— Bon, interrompit le juge. Nous verrons par la suite. Nous vérifierons.

Singulière instruction, et non moins singulière attitude du malheureux Caby, qui, après avoir formellement reconnu Garnier, reconnaissait maintenant, tout aussi formellement, Dieudonné.

Peu après, on arrêtait deux autres complices, Belloni et Rodriguez. On les inculpa de vente des titres de Caby à Amsterdam. Rodriguez informa le juge que Garnier et Bonnot étaient armés de deux brownings, chacun, avec plusieurs chargeurs, qu’ils se défendraient jusqu’au bout, et que leur capture serait difficile.

C’est alors que Garnier écrivit la lettre que nous avons reproduite plus haut, et qu’il avait agrémentée de l’empreinte de son pouce. Lettre, ne l’oublions pas, qui déchargeait complètement Dieudonné et dans laquelle le « bandit tragique » prenait l’entière responsabilité du crime commis rue Ordener.