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ces pauvres diables qui ont payé très cher quelques minutes d’entraînement.

Nous ne nous flattons point d’avoir donné satisfaction à tous nos lecteurs. Nous savons de forts honnêtes gens, banquiers, commerçants enrichis, brasseurs d’affaires, trafiquants, marchands de viande et de poison, des bourgeois, gros ou petits gonflés de préjugés et vêtus d’incompréhension qui s’indigneront véhémentement. Ces petits-cousins du roi Bombance dénonceront notre partialité, estimeront que nous avons trop magnifié le courage et l’énergie des bandits. Mieux encore. Nous aurons, par instants, fait l’apologie du crime et des criminels.

Nous savons des anarchistes qui ne nous pardonneront pas d’avoir insisté sur les petits ridicules de leurs milieux et d’avoir quelque peu raillé certains de leurs apôtres en baudruche.

Nous savons, enfin, de délicats lettrés qui esquisseront une grimace de dégoût devant ce qu’ils appelleront un roman-feuilleton. Un roman-feuilleton fait avec de la vie et du sang, encore chaud de toute la douleur humaine. Ces Messieurs préfèrent s’intéresser aux gestes de Corydon.

Laissons les uns et les autres patauger dans la fiente de leurs critiques. Il nous suffira d’avoir éveillé l’intérêt et heurté la pensée des hommes qui sentent et qui savent raisonner. Car ceux-là verront avec netteté les causes profondes, les causes vraies des conflits qui, périodiquement, dressent des intelligences agissantes contre la société.