Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/219

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« La seconde en 1919. Ils partirent à cinq sur une échelle attachée à trois tonnelets et furent ballottés quarante-sept heures sur l’Océan avant d’arriver à Iracoubo.

« — La dernière nuit, dit Dieudonné, je fus pris d’une fièvre hallucinante et, dans mon cauchemar je me jetai trois fois à la mer. J’étais bon nageur, le froid me réveillait et je me raccrochais à l’échelle sur laquelle mes compagnons me hissaient.

« Ils se serrèrent tous contre moi pour me réchauffer un peu. Quand nous abordâmes près d’Iracoubo, je ne pouvais plus marcher. Mes pieds gonflés d’eau se déchirèrent et s’envenimèrent dans la vase des savanes. J’abandonnai mes compagnons et résolus de me diriger, comme je le pourrais, vers Saint-Laurent, pour me constituer prisonnier.

« J’ai mis quinze jours avant de rencontrer deux portes-clés de Charvein à qui je demandai de m’arrêter. J’ai refusé de partager la prime avec eux. »


Mais il y a des choses que Dieudonné ne dit pas.

Il ne dit pas comment il opéra un sauvetage dans des conditions plutôt dramatiques. Un transporté, le nommé Azzouy, venait de tomber à l’eau en pêchant à la tortue dans un endroit où pullulaient les requins. Dieudonné, sans la moindre hésitation, se mit à la nage. Rejeté plusieurs