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avant l’aube, des détachements des gardes de Paris, tenant leurs chevaux par la bride, se rangent sur le boulevard Arago, les uns adossés au mur de la prison, les autres devant leurs faisceaux. On semble craindre une alerte.

Sous les arbres, se dresse la guillotine, haute et maigre, qu’éclaire une lampe de veilleur. Autour, des ombres qui parlent à voix basse, des soldats silencieux.

Un homme, soudain, traverse le boulevard, une longue perche à la main ; il éteint, l’un après l’autre, les becs de gaz. Des perles de rosée tombent des arbres. La guillotine dans l’aube qui pointe paraît glaciale.

Pénétrons dans les cellules.

Tous les avocats sont déjà dans le vestibule de la prison. MM. Hennion, préfet de police, Guichard, chef de la Sûreté, une nuée d’inspecteurs de service, les magistrats, le docteur Paul, l’abbé Gespitz.

Les autres, les condamnés, se doutent-ils de quelque chose ?

Brusquement, un individu entre dans le bureau du directeur, l’air d’un paisible fonctionnaire. C’est le bourreau. L’homme qui tue. Il prévient que l’heure est venue de réveiller les condamnés.

Le cortège s’ébranle dans les couloirs et les galeries. On va, doucement, à petits pas, de crainte d’éveiller les autres prisonniers.

Arrêt à un carrefour. Chuchotements. Il s’agit