Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/202

Cette page a été validée par deux contributeurs.

garde républicain qui déclara : « Ce n’est rien… du papier blanc… »

Ce fut le seul indice et qui n’expliquait rien qu’on pût recueillir.

Mais, vraiment ce malheureux était-il aussi coupable qu’on a voulu le croire ?

En relisant, après des années la déclaration si nette qu’il fit aux Assises, on se sent envahi par le trouble.

Le président venait de l’interroger sur toute une série de cambriolages et à propos du crime Thiais. On lui réclamait également des détails sur son arrestation. Il répondit avec simplicité. Il conta son aventure avec un tel élan de sincérité et de résignation que ses paroles émurent profondément les auditeurs.

Son récit vaut la peine d’être reproduit.


« J’étais à Ivry, chez un ami, lorsque celui qui devait me vendre — oui, monsieur le président, me vendre, car on m’a vendu, comme un bétail — est venu me trouver et m’a dit :

« — Tu n’es plus en sûreté, ici. Je t’offre l’hospitalité chez moi, à Lozère. Je t’attendrai demain matin à la Croix-de-Berny.

« Le lendemain matin, je me mis en route. En passant à Fresnes, j’ai remarqué — parce que, n’est-ce pas, lorsqu’on est traqué, on remarque tout autour de soi — j’ai remarqué, sur la route, deux gendarmes en uniforme et quatre ouvriers coiffés de casquettes. Quelqu’un a passé près de moi et m’a dit :