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prisonnier était étendu sur sa couchette et le gardien crut d’abord qu’il dormait. Mais, s’approchant de plus près, il constata que sur les lèvres du dormeur, un peu de mousse verdâtre apparaissait. Il appela au secours. Le condamné avait, dans la bouche, un morceau d’étoffe, un doigt de gant, que les dents serraient convulsivement. Le docteur Paul examina Carouy qui agonisait. Il lui fit boire du lait. Vainement. Vers les neuf heures, le condamné expirait.

Sans qu’on ait jamais pu établir comment, Carouy avait pu se procurer du cyanure de potassium. Me Zévaès confia alors aux journalistes que, la veille, son client lui avait dit : « Plutôt que de finir au bagne, j’aime mieux mourir tout de suite. »

Il avait tenu parole.

Et pourtant… Au moment où l’on prononçait la sentence, le condamné s’était mis à rire, assurant son défenseur qu’il aimait autant le bagne que la mort. Alors ? Voulait-il donner le change ? Était-il sincère ? Et quel drame s’est joué dans l’âme farouche de cet homme ?

On essaya vainement d’établir par quels moyens Carouy, transféré par mesure de précaution, de sa cellule no 3 dans la cellule no 1, fouillé et refouillé par les gardiens, avait pu obtenir le poison. Le mystère n’a jamais été éclairci. M. Guichard, pourtant, affirma qu’il avait vu à l’audience, un individu jeter un papier dans la direction de Carouy. Ce papier fut ramassé par un