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petit crayon, un peu de papier blanc qu’on avait bien voulu me laisser encore lors de la fouille du matin, sont maintenant confisqués.

« On me laisse juste mon mouchoir : sans doute prévoit-on que je vais pleurer !

« Dans les couloirs de la grande prison endormie, nos pas retentissent, sonores.

« On nous mène de nouveau dans la petite salle des accusés.

« En y pénétrant, j’ai un recul. Les cinquante gardes municipaux préposés à notre surveillance y ont bu et mangé abondamment. Le sol est jonché de coquilles d’œufs, de croûtes de pain, de papiers graisseux.

« Ils y ont aussi fumé, ainsi que l’attestent les nombreux « mégots » éparpillés un peu partout, et une épaisse nappe de fumée.

« Des relents de culot de pipe et de vin bon marché flottent dans l’air. Une violente odeur d’ail broche sur le tout.

« — Ouvrez la fenêtre, implorai-je.

« — Impossible, répondent les gardes, cela nous est défendu.

« — Donnez au moins un coup de balai.

« — Également défendu.

« L’officier de service, qui fut constamment, durant ces longs jours, d’une politesse exquise, nous dit ses regrets.

« Ses hommes ont la consigne formelle de ne point nous perdre un instant de vue et de ne point nous permettre le moindre geste imprévu.