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Son courage, enfin, dépassait tout ce qu’on peut imaginer. Le courage est monnaie courante chez les anarchistes, il en est même qui ont la superstition du courage et qui tenteraient les pires folies pour ne pas risquer l’accusation infamante de « dégonflage ». Ceci devait être dit dans ce chapitre où nous nous essayons à définir un peu la psychologie étrange et compliquée des anarchistes illégalistes.

Et pour être reconnu, acclamé, dans un tel monde, pour apparaître comme un audacieux entre les audacieux, il fallait vraiment que le jeune Valet fût l’intrépidité même.

Avec un tempérament semblable et l’acquiescement aux idées illégalistes, Valet devait, tout naturellement, aller où il est allé, c’est-à-dire à la révolte, au crime et à la résistance folle de Nogent-sur-Marne.

Ce fut, vraisemblablement, Garnier, qui l’initia et l’entraîna.

Mais, avant de se jeter tête perdue dans l’anarchisme, Valet avait adopté les idées socialistes-révolutionnaires. On le rencontrait dans les groupes d’études et d’action. C’était un être d’une extrême sensibilité.

Son enfance, écoulée au sein d’une famille relativement aisée, fut assez triste par la suite, son père se voyant acculé à la gêne et risquant la faillite.

Que de fois, ne vit-il pas sur le visage des siens, la tristesse qui les accablait ? Il fut, peut-être, celui de toute la famille qui souffrit le plus des