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Il était serviable à l’excès. On pouvait le taper. Soudy ne refusait jamais, ne sachant pas refuser. Il entrait, aux yeux de bien des camarades, dans la catégorie des poires. Mais aucune ingratitude ne le rebutait.

Il était très doux, très pacifique, professait l’horreur des bagarres, fuyait les violences. Aussi, quand on apprit le rôle qu’on lui attribuait dans l’affaire de Chantilly, la stupéfaction fut-elle prodigieuse parmi ses intimes. Lui, Soudy ? Ce n’était pas possible. Par quelle aberration, à la suite de quelles circonstances avait-il pu se laisser entraîner jusque-là ?

Non, vraiment, on ne voyait pas le petit Bécamelle tirant sur les passants. On apprit, du reste, qu’il les avait tous ratés. On apprit aussi qu’à peine remonté dans l’automobile il s’était évanoui. Son attitude demeurait inexplicable. Quelques-uns pensaient que l’infortuné « Pas de chance », une fois encore s’était laissé faire, qu’il avait accepté de rendre service à des amis, qu’il n’avait pas osé refuser le concours qu’on lui réclamait.



Voyons un autre de ces bandits :

Valet.

Un soir, dans un petit local de la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, les anarchistes donnaient une petite fête, avec chants, musique, récitations, ce qu’ils appelaient « soirée familiale ».