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deux étages. Au sous-sol, une presse désuète fut installée, ainsi que les cases, et la plus belle pièce, la plus claire et la plus spacieuse fut réservée aux Causeries qui avaient lieu chaque lundi soir. En même temps, un autre local était loué, rue d’Angoulême, où les Causeries se déroulaient le mercredi.

C’étaient d’originales séances que celles des Causeries et bien des hommes qui, depuis, ont conquis des situations, voire la notoriété, y passèrent des soirées entières. Pour tout mobilier, une table boiteuse, quelques bancs vermoulus, des chaises « chipées » dans les squares voisins ou chez les bistrots, c’était tout. Des fleurs très « Modern Style » décoraient les murs ; des rayons, où s’empilaient livres et brochures, couraient au fond de la pièce. Cela ne manquait point d’un certain pittoresque.

Les sujets les plus divers étaient traitées aux Causeries.

On y retrouvait des professeurs connus, des littérateurs, des savants qui venaient « enseigner » les camarades. Et, de ce nid d’anarchistes, le bourgeois égaré, amené là par un ami, s’en retournait stupéfait, ahuri, ne comprenant point qu’on n’eût pas, toute la soirée, parlé de bombes, de barricades, de révolution et qu’il n’ait pas assisté à de répugnantes scènes d’orgie.

C’était cependant de là que devait partir le mouvement individualiste et illégaliste qui allait aboutir aux Bandits tragiques.