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— Et que dirais-tu, ô devineresse ?

— Ce que je dirais, homme borné, c’est que mon savant, ton savant, notre savant, est un cerveau génial, sans vains préjugés, capable de bouleverser le monde et de changer le cours des destinées humaines. J’ajouterais qu’il tient, peut-être, entre ses mains, la vie et la mort du globe, qu’il rêve peut-être aussi, d’asseoir sa domination sur l’univers… Je le montrerais assisté de collaborateurs fidèles et soumis. Savant et prophète, tout à la fois. Surhomme, si tu veux.

Elle s’était levée, toute rouge, avec dans les yeux ces lueurs dansantes qui me troublaient si profondément. À la vérité, ses intuitions me désarçonnaient. Imagination ardente d’une femme, sans doute. Mais ces hypothèses n’étaient-elles pas des plus acceptables ? À cet instant, j’étais loin de me douter combien elles répondaient à la plus implacable réalité et je ne voyais dans cette petite poupée agaçante, d’une adorable perversité, que la plus splendide des maîtresses, à la fois délicieusement ingénue et diaboliquement rouée.



Ce fut, à peu près, dans ces mêmes jours, vers le milieu du mois de juin qu’on apprit un premier incident qui dans l’émotion non calmée, provoquée par tant d’attentats inexplicables, passa à peu près inaperçu. Cet incident, pourtant, n’était que le premier de toute une série et il inaugurait une ère nouvelle de déconcertants événements.