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tripatouillant les couleurs et en chiffonnant les phrases. Il est même extraordinaire qu’on ne soit point fatigué, jusqu’à l’écœurement, depuis des siècles et des siècles qu’on puise au même stock d’images poussiéreuses et qu’on emprunte à l’éternelle palette barbouillée où s’essorent les tons et les nuances.

Mais je ne suis pas un écrivain. J’aime autant décliner ma qualité de simple narrateur. Un piteux, timide et très embarrassé narrateur. Mon ambition se borne à conduire logiquement un récit terriblement ardu et compliqué qu’aggraverait encore toute ostentation de vaine littérature. Puissé-je m’en tirer avec quelque bonheur et, dans l’avenir indécis qui s’élabore, rencontrer des esprits assez sagaces pour me concéder quelque crédit.

Les hommes qui viennent, si toutefois ils daignent s’attarder à consulter ces pages, manifesteront quelque scepticisme.

Le vrai, nous enseignait-on autrefois, peut n’être pas vraisemblable. Quand la sublime et criminelle aventure aura touché à sa conclusion, elle entrera dans la cité des fables et des légendes. Elle ira rejoindre, dans la pénombre du passé, l’épopée burlesque des Titans dressés contre l’Olympe, l’orgueil immense de Prométhée, voleur de feu céleste, la folie d’Icare, fils trop inconséquent de Dédale ou, encore, la douceur fade de Jésus, triste volaille de Golgotha…



De mon cabinet de travail où, sollicité par le rêve, volontiers je cours me réfugier, les rires des enfants