Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/310

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’ailleurs, il ne le perçoit que par ses sens très primitifs, ou il le construit par son imagination emportée. Mais l’imagination est le produit des sensations et des impressions puisées hors de lui et ses sens sont commandés par l’extérieur. Passons. Je suis en train de vous infliger un cours, comme autrefois. Je vous demande simplement : Pourquoi voudriez-vous qu’il n’y eût pas, en dehors de l’homme, sur d’autres plans qui nous sont inaccessibles, des êtres vivant d’une vie différente, constitués d’une matière qui échappe à notre contrôle et capables de nous observer, de nous suivre avec mépris, dans nos sales comportements. La nature n’a pas eu pour objectif unique cet insecte inconsistant : l’homme. Elle a dû étendre ses antennes par ailleurs. Les Êtres, il me semble que je les vois autour de moi, à travers moi, fluides et pénétrants, ignorant la pesanteur et nos absurdes lois mathématiques. Ils sont purs Esprits. Surtout ne voyez dans cette hypothèse aucune mystique. La Vie sous toutes ses formes, avec toutes ses surprises, n’exclut nullement le Néant, cet aspect du Tout.

Je commence à me dire que le petit vieux abuse. Il a beau se défendre de nous faire un cours. Je viens de repartir, subitement, pour Meudon et je me tiens tremblant devant trois augures ivres de science, rébarbatifs et pluvieux. Et je souris à Juliette, la traîtresse, l’empoisonneuse, qui m’a valu d’être jeté dans cet antre. Sans elle, je serais loin ou, peut-être, je serais revenu après avoir fait peau neuve. On doit revenir, de temps en temps, sur ce globe, comme on s’en va en vacances, périodiquement.