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perdues pour tout le monde et que nous ne puissions pas brouiller la lumière et éteindre les sons ?

— Impossible, fais-je, pour la deuxième fois. Il vous aurait fallu des complices, dans le Grand Cercle et, qui sait, parmi les Douze… Il y aurait trahison.

— Ou réparation.

— Qui oserait ?

Judith, debout, se campe devant moi. Elle me défie de son regard brûlant où papillotent des menaces.

— Qui ? Le plus coupable, peut-être.



Elle va vers le cinéphone. Une sonnerie retentit. Je n’ai pas la force, pas même le désir de bouger. J’attends quelque chose, je ne sais quelle chose qui va définitivement m’assommer. Et j’ai, tout à coup, un mouvement de recul :

— Vous… Vous… Que se passe-t-il ?

La silhouette puissante de Neer, de Neer que je n’ai pas revu depuis des mois et des mois, se profile dans la pièce. Il me contemple avec une gravité qui me gèle le sang. Que vais-je encore apprendre ?

— Mon cher ami, dit Neer, j’ai tout entendu de votre entretien avec Judith. Il faut être fort et tâcher de comprendre. Et surtout accepter les événements.

Un lourd silence. J’entends bourdonner mon cœur. Neer reprend :

— Nous sommes à la veille du renoncement. La société construite par nos soins s’effondre à son tour,