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le super-rayon. En quelques heures tout fut réduit en poussière. On ne retrouva pas un seul vivant, pas le moindre débris.

Ces détails ne sont pas consignés exactement dans nos manuels d’histoire. Le peuple des neutrides et des stérilisés ne sait pas tout. On lui enseigne seulement qu’il y eut jadis une guerre terrible entre la Science et la Barbarie et que, pour le plus grand bonheur de l’humanité, les savants vainquirent. Pareillement, il ignore que ceux qui le dirigent s’éternisent en absorbant des existences, périodiquement. Pour ces pauvres êtres, il y a toujours eu des immortels qui constituent une branche à part de la grande famille humaine et sont comme des dieux. Ugolin l’a réglé ainsi. Seuls les initiés connaissent la vérité. Mais il est des secrets terribles qui demeurent le monopole des Douze et d’autres plus hermétiques encore que gardent jalousement les redoutables prophètes de la Trinité Scientifique.

Moi qui ai vécu, au centre même des événements, cet extravagant roman, je sens bien que c’est une entreprise insensée que de vouloir en reconstituer les chapitres. La période de tâtonnement dura presque un demi-siècle. Ugolin commença par la conquête méthodique de la vieille Europe. Dans toutes les communes et dans tous les quartiers des grandes villes, il mit au point ses comités de « vigilants » dont le rôle se bornait à examiner les individus et à décréter la suppression de quiconque était soupçonné d’un mal héréditaire. Les moins malades étaient frappés de stérilisation et la reproduction leur était interdite. Cela ne les empêchait nullement de connaître les ardeurs génésiques et ils