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s’adressait aux bons citoyens, les conjurant de rétablir l’ordre, annonçant qu’il en appelait au bon sens de la Province et qu’il ne tarderait point, avec le concours de la France entière, à venir doucher la Capitale en proie à une attaque de delirium. Et, face à cette proclamation, un manifeste des révoltés, maîtres de la situation, informant la population que la Commune était établie et que le pouvoir passait aux mains du peuple ouvrier. Encore une fois, c’était la traditionnelle opposition des révolutions. Paris insurgé contre la France bourgeoise et paysanne.

Il y eut, dans les jours qui suivirent, une longue accalmie. Le nouveau Gouvernement invita les travailleurs à rejoindre leur domicile et à reprendre leur travail. Dans tous les quartiers, des Conseils d’ouvriers et de soldats se constituèrent avec une étonnante rapidité, organisant des distributions de vivres, activant les visites domiciliaires, s’emparant des usines, des fabriques, des magasins… Puis l’exode torrentiel, des multitudes se jetant sur les routes, hors de la fournaise. Prudemment, le Gouvernement révolutionnaire ordonna qu’on laissât fuir quiconque n’était pas avec la Révolution, prétextant qu’on avait d’autres besognes plus urgentes que de se complaire à d’inutiles représailles et qu’il valait mieux ne pas s’encombrer de parasites et de bouches ennemies.

Trois semaines durant, la Commune qui venait d’usurper le pouvoir s’épuisa en efforts. Elle dut faire fusiller sommairement des centaines de bandits pillards et mettre sur pied des milices armées jusqu’aux dents. Il y eut une abondante distribution de galons et toute