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Eux-mêmes le sentent et s’efforcent à l’impassibilité. Sévart, comme honteux, fixe obstinément la pointe de ses chaussures. Néer, les bras croisés sur sa poitrine, dans sa pose familière, paraît rêver.

Ugolin disparu, que nous ménagent ces deux forces en lutte ? Je ne puis me défendre d’un frisson. Je me tourne vers mes voisins et je ne sais si c’est un effet de mon exaltation, il me semble voir courir sur leurs fronts les mêmes ombres d’inquiétude.

Tout un siècle de labeur formidable et ininterrompu… Le monde révolutionné, conquis à l’Intelligence… La science chassant les Dieux… La Vie perpétuée… L’évolution des êtres canalisée et dirigée en pleine conscience… les énergies naturelles domestiquées… Tout cela pourquoi ? Pour aboutir au réveil du vieil homme… de ce vieil homme que tant de jeunesses absorbées auraient dû desceller à jamais du rocher de l’hérédité !



Une main s’est posée sur mon épaule. Néer m’a poussé dans le parc, sous le panache des feuillages. Des rosiers grimpent autour de nous, s’accrochent, s’enlacent et se courbent sous le poids des fleurs énormes qui traînent jusqu’à terre, les unes délicatement jaunes et laiteuses, les autres vêtues de monstrueuse pourpre, pareilles à de larges gouttes de sang. À travers les nappes sombres qui s’étagent sur nos fronts, des coulées de soleil zigzaguant creusent des sillons de dentelles lumineuses, poudrerizent la verdure de poussière neigeuse… Tout ce que l’ingéniosité