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sinon déchaîner la bataille prévue par Ugolin, amorcée par ses soins et dont l’issue ne me paraît pas douteuse. Elle peut, vraiment, elle peut écrire, dénoncer, guider vers la demeure du petit vieux toutes les forces des hommes, la cause est entendue. C’est la fin de tout, ai-je dit au journal. Et c’est aussi le commencement.

Juliette est morte pour moi. Adieu, Juliette, doublement traîtresse, parjure à son amant, parjure à son maître. Elle est déjà du passé et moi, je vais, d’un pas audacieux, vers l’avenir — un avenir où grondent des torrents et où s’échevèlent des éclairs.



J’ai dû fuir les importuns, abandonner mon domicile, déserter mon bureau. Mes propos, pourtant si vagues, ont couru, déformés, amplifiés, dans le public. On sent qu’une immense inquiétude plane sur tous les cerveaux. C’est l’attente dans la peur, mais une attente faite de beaucoup de curiosité et presque d’acceptation.

Quand éclatera le coup de tonnerre ?

Une semaine vient de s’écouler depuis qu’Ugolin m’a fait planter sur la route de Bellevue, et pas le moindre incident ne s’est produit. L’impatience me mord. Le doute me ronge comme un furet, et il y a des instants où je me demande sérieusement si je n’ai pas rêvé.

Un soir, comme je dépliais le Vespéral, mon propre journal, je m’ankylosai brusquement, pétrifié, sur le trottoir. Les hostilités débutaient. Mais ce n’était pas Ugolin qui portait les premiers coups. C’était le gou-