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— La suite ?… Sais pas… Je me suis rendormi. Et, brusquement, je me suis réveillé sur un banc, boulevard de Clichy, non loin de l’endroit où l’on m’avait enlevé… Je ne puis rien dire de plus. Je n’en connais pas plus long.

De nouveau des cris, des interrogations, des exclamations.

— Et vous allez écrire ça ?

— Euh !…

— Si !

— Non !

— Ne disons rien. Il ne faut pas épouvanter la foule.

— C’est une chose inouïe…, i…nou…ïe…

Ils sont sortis les bras au ciel, se cognant les uns dans les autres. À la porte, le rédacteur en chef m’a saisi par le bras :

— Dites donc, mon petit, c’est bien vrai, votre histoire ?

Je laisse claquer mes paumes contre mes cuisses et badigeonne de candeur la façade de mon visage.

— Non… là… entre nous… C’est une mauvaise plaisanterie… Vous ne m’aurez pas, moi, tout de même… Il n’y a pas d’Ugolin… ça n’existe pas, Ugolin… Votre Ugolin… tenez… je vais vous dire ce que c’est… de la m…, de la m…

Il insiste sur le mot : De la m… On dirait qu’il la mâche… Puis il me pousse par les épaules, furieusement. Et, avec un gros rire, il revient à la charge :

— Voyons, mon vieux… de la blague, hein ? de la blague ?…

— Vous verrez bien.