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plation des planches anatomiques suspendues aux murs. Ce ne sont que coupes transversales des organes montrant la disposition des greffons, sectionnements de l’ovoïde testiculaire, grappes de greffons, tuniques des bourses subissant l’anesthésie régionale ; sections des tuniques sécrétale et dartoïque, nidation, scarifications, raclages, fermetures des tuniques cellulo-éythréo-fibreuses… C’est gai, d’une irrésistible gaieté.

Un sourd murmure. Ugolin vient de pénétrer dans la salle, flanqué de ses deux acolytes, suivi du long Ciron, voûté et nostalgique. Le petit vieux est surprenant ; ses regards dénoncent une vitalité extraordinaire et c’est d’un pas ferme, la taille haute, sûr de lui-même, qu’il se dirige vers une grande table du milieu, hissée sur une sorte d’estrade. Le murmure va s’accentuant autour de lui et meurt à ses pieds. Un instant, il se penche pour feuilleter une liasse de papiers ; puis, du doigt, il commande le silence.

Debout, maintenant, je puis le voir bien en face et j’étouffe un cri de stupéfaction. Ce n’est plus, plus du tout, le vieillard des jours précédents. La lumière joue sur ce visage clair qu’avivent deux yeux brûlants, une lumière qui vient de l’intérieur. Tout est force en lui et, faut-il le dire ? jeunesse, oui, jeunesse. C’est un homme en pleine possession de sa vigueur intellectuelle, de son équilibre physique, qui se dresse là devant nous. Et j’ai beau le scruter avidement, dans ses gestes, dans ses moindres mouvements, dans ses jeux de physionomie, je ne trouve en lui, sur lui, nulle trace de ses quatre-vingt-trois ans.

Il parle, il parle, de sa voix douce, nuancée, mar-