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le problème enfin résolu et qu’il fallait résoudre. Pour museler la vieillesse, supprimer les infirmités, redonner à un être voué à la décrépitude, force et vigueur, il n’y a qu’à prendre la jeunesse d’un autre individu. La greffe, soit ! selon la méthode Voronoff. Seulement la greffe des glandes interstitielles ou des glandes sexuelles complètes empruntées non plus au singe, mais à l’homme lui-même.

J’ai beau me raidir. Je sentais, depuis longtemps, venir la chose. Je tressaille et j’ébauche un geste. Ugolin ricane.

— Parbleu ! Je m’y attendais. L’objection morale. Pauvres êtres faits de la boue des conventions stupides. Quoi donc ? Des hommes au cerveau lucide et puissant, des hommes ayant cueilli les fruits amers à l’arbre décevant de la science, disparaîtraient, cependant que des spécimens de basse humanité, produits de copulations trempées dans l’alcool et marquées de la griffe du tréponème pourraient impunément exercer, sur cet amas de turpitudes qu’est notre globe, leur imbécile malfaisance ! Vous trouvez donc cela tout naturel. Mais sachez, malheureux, que si j’entends éterniser l’Élite savante et intellectuelle, c’est au profit de l’Humanité tout entière. Ce que je veux accomplir, c’est une Révolution. Non pas cette Révolution empirique, infructueuse, qui consiste à déplacer le pouvoir et à remettre entre les mains des esclaves l’autorité périmée des maîtres. Mais une Révolution autrement féconde et durable, conçue et exécutée, non plus selon les arbitraires lois sociales, mais selon les lois naturelles agrémentées du coup de pouce indispensable.