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Ce que j’en dis ? Simplement que, transporté sur de telles hauteurs, je commence à sentir le vertige me gagner. Je ne suis pas fait pour de telles spéculations. Je résiste difficilement à l’envie qui me pousse à demander grâce.

— Que sont, poursuit Ugolin, de plus en plus animé, les fragiles constructions de l’esprit humain ? Que deviennent vos Morales, vos Religions ?… Répondez.

Je ne réponds rien. Je hoche la tête. Je sens le besoin de me lever, de marcher, de me donner du mouvement. Des fourmillements courent dans mes mollets. Il doit y avoir bagarre entre mes cellules.

Ugolin me contemple avec un sourire au coin des lèvres. Il se calme peu à peu. Les autres, regards fixés sur le maître, ne bougent pas plus que des cariatides. Seul, l’entêté Ciron laisse paraître une moue dédaigneuse et condescendante.

Ugolin reprend :

— Revenons sur ce globe. J’ai peut-être un peu trop insisté, cher monsieur, sur les mystères de notre vie organique. Mais il le fallait pour que vous saisissiez mieux ma pensée. Voyez-vous, toutes les opérations auxquelles il a été fait allusion, toutes les expériences tentées n’étaient rien à côté de ce que je rêvais et de ce que j’ai réalisé. Jusqu’à présent, obéissant à je ne sais quel stupide sentimentalisme, on ne s’adressait qu’à l’animal et l’on ne greffait sur l’homme qu’à l’aide de l’animal. Du temps perdu, simplement. J’ai fini par comprendre et par admettre que, pour réussir il fallait utiliser l’homme. Voilà l’idée géniale et fécondatrice qui bouleverse la Science et suscite des miracles. Voilà