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— Oui, dit Ciron, elle est tout d’abord gênée dans ses mouvements. Le résultat le plus vite atteint est la privation de liberté. Elle subit les conditions de compression et d’alimentation que nécessite l’harmonie de l’organisme. Selon que les cellules se trouvent placées au centre, ou qu’elles sont en contact avec l’extérieur, elles assument des caractères différents. Chacune d’elles s’adapte à une fonction déterminée. Et vous aboutissez ainsi aux cellules des muscles propres aux substances contractiles, aux cellules épithéliales qui sont de protection (pour les cheveux, les ongles, la peau), aux cellules glandulaires qui fonctionnent par les humeurs et les sécrétions. Les unes recherchent les aliments, les autres les absorbent, d’autres les éliminent. De sorte que nous n’avons affaire qu’à de multiples spécialistes doués d’une seule aptitude, privés des autres.

Un court silence. Je regarde Ugolin qui, les paupières plissées, paraît indifférent à tout ce qui se dit. Mais il faut croire qu’il a saisi mon interrogation, car il fait un signe.

— Je vous comprends parfaitement, interrompit-il. Vous vous demandez à quoi riment toutes ces démonstrations. Voici. D’abord à bien vous convaincre que l’être humain est un organisme dont la confection, la structure, approchent de la perfection et qu’il enferme en lui une multitude infinie d’êtres aussi savamment développés que lui-même. Ce qu’il appelle pompeusement, orgueilleusement, son moi n’est qu’une résultante et le moindre vent d’insurrection soufflant parmi ses cellules peut l’influencer ou le détruire. La