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sur le rivage. Mais Médée ajoute à cette mixture de la gelée blanche recueillie la nuit aux rayons de lune, les ailes et la chair de l’orfraie, les entrailles du loup, la dépouille du serpent de Cynips, le foie d’un vieux cerf, la tête d’une corneille de neuf siècles. Ainsi le philtre acquiert toutes ses vertus. Médée mélange toutes les substances avec un vieux rameau d’olivier et voici, ô miracle ! ô Dieux ! que la branche soudain reverdit, se couvre de feuilles, se charge d’olives mûres. Aussitôt Médée tire son glaive et, se jetant sur le vieillard, elle lui ouvre la gorge. Elle laisse couler le vieux sang et verse ses sucs. Et la chose s’accomplit. Éson, le vieil Éson est debout. Sa barbe et ses cheveux ont subitement noirci. Sa maigreur a disparu, ses rides se sont évanouies. Il est jeune ! Il est jeune !… jeune !… jeune !… Et du haut des cieux, Bacchus, émerveillé, se hâte. Il accourt. Il se précipite vers l’enchanteresse…

Légende puérile ! Fable dont s’amusaient nos aïeux, ces grands enfants. De tout temps, à travers les siècles, les hommes ont médité sur la mort et la décrépitude. Toujours ils ont songé à combattre la vieillesse. De même ils ont imaginé de s’élancer dans les airs. Et, cependant, la fable d’Icare est devenue une réalité, de par la science. Est-ce que le philtre de Médée, la Magicienne, serait passé aux mains d’Ugolin ? Allons donc ! Sottises ! Vapeurs d’un cerveau en délire ! Fumées ! On peut certes prendre le sang d’un être vigoureux pour l’affluenter dans les veines d’un malade qui reconquiert ainsi un peu de force et de santé. Mais les années qui, tel un lourd manteau de glace, s’accumulent sur les épaules d’un vieil homme ! Mais la