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l’ombre d’une famille. Vous voilà édifié sur son compte. Laissez-moi achever maintenant les présentations.

De son coupe-papier, il me désigne l’homme maigre dont les narines palpitantes se mettent à battre comme si elles voulaient m’avaler.

— Docteur Schutzzler, un des premiers biologistes de notre époque.

L’homme maigre se redresse, esquisse un plongeon à mon intention.

— Schutzzler, de Kœnisberg, déclare-t-il d’une voix sourde où roulent les grondements d’un trombone lointain.

Le professeur Huler tend un doigt desséché vers l’homme à visage de broussaille :

— Le docteur Potrel, mon meilleur élève… Français.

Le buisson vivant dodeline de la tête. Avec un léger zézaiement, il confirme :

— Natif des Martigues, tout près de Marseille.

Je murmure :

— Patrie de Charles Maurras.

Là-dessus, un silence impressionnant. Ugolin, celui que j’ai surnommé Ugolin, tapote toujours sur la table. Les autres, figés dans l’immobilité, ressemblent à des bonshommes de cire, au fond de quelque musée pathologique.

— Monsieur, reprend soudain, d’une voix plus ferme, le professeur Huler, dit Merlin, dit Ugolin, chimiste, savant, photographe ou dentiste, j’ai grand plaisir à proclamer que vous êtes un garçon intelligent, très intelligent. De tous vos confrères, vous avez