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ne distingue rien qu’un brouillard jaune. Mais, lentement, mes yeux s’habituent. Cette lumière n’est pas celle du soleil, hélas ! et je constate que nous n’avons point abandonné les catacombes. La salle tient de l’amphithéâtre et du laboratoire. Une immense table de marbre, dans un coin à droite. Une sorte de bureau vers le fond, au milieu. Sur les murs rampent des tubulures, s’entrelacent des tuyaux, les uns énormes, les autres minces comme des macaronis, ronronnent des ventilateurs, luisent des boutons de métal et de porcelaine. Je discerne, sur d’autres tables, de petites cuves, des éprouvettes, des cornues, tout l’arsenal d’un chimiste, tout un ensemble d’instruments nouveaux pour moi et que j’essaie vainement d’identifier. Mais ce qui m’attire surtout, c’est une série de bocaux emplis d’un liquide rose, parés d’étiquettes vertes, dans lesquelles plongent d’étranges objets qui ressemblent à s’y méprendre, à des pièces d’anatomie…

Sur tout cela de minuscules lampes électriques d’une clarté rose, telles des âmes de ténèbres.

Ah ça ! où suis-je donc ? Dans l’antre d’un bourreau ? Dans une officine de dissection ? Dans la caverne d’un alchimiste ? Étudie-t-on ici la transmutation des métaux ou dépèce-t-on des cadavres ? Je me pose toutes ces questions avec le seul souci de chasser l’inquiétude qui m’obsède.

Une petite toux sèche, grinçante comme le soupir d’une vieille serrure. L’homme à la barbiche me pousse encore en avant. Me voici devant le bureau du fond. Trois hommes sont assis là, trois singuliers person-