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aigus et de sarcasmes. Je parus dans les revues de café-concert. On me prêta les hypothèses et les déclarations les plus fantastiques. Tantôt, on me faisait assimiler le bandit insaisissable à l’ogre de la légende, l’ogre terreur des petits enfants qui achetait, très cher, de la viande fraîche pour ses repas. Tantôt, on me faisait parler d’une Messaline aux ardeurs inextinguibles, amatrice de beaux jouvenceaux. Et les railleries les plus perfides ne m’épargnaient même pas dans la salle de rédaction du Vespéral. Si bien que, lassé et désenchanté, je m’abstins d’y paraître.

Ah ! j’avais réussi là un joli coup.

Mais le trait le plus mortel, ce fut l’article de l’Aube qui m’accusa de créer une diversion pour éloigner les soupçons et qui remit en cause la franc-maçonnerie et la Synagogue. La plupart des quotidiens suivirent. Les polémiques refleurirent avec violence. Et, soudain le bouquet. On annonça qu’un autre prêtre — le septième — piquait, à son tour, une tête dans l’inconnu.

Dès lors, les passions s’exaspérèrent. Un israélite fut malmené par la foule sur les boulevards et on dut conduire cet héritier des prophètes, en sang, chez le pharmacien. Des manifestes véhéments, des appels à la résistance furent placardés sur les murs, lacérés par la police, placardés de nouveau. On exigea la démission des membres du cabinet qui appartenaient aux Loges. Le Gouvernement résista, fit décréter des poursuites contre certains journaux. Mais, deux jours après, à la suite d’une interpellation d’un député royaliste, le cabinet se vit obligé de démissionner.